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La rêverie du poète, c'est l'ennui enchanté - Sainte Beuve
17 avril 2009

David Copperfield

Lecture des vacances, du 12 avril au 15, donc. Je crois bien que je n'ai jamais lu un livre aussi rapidement ; même si d'autres auraient été encore plus vite. Ça aura été l'un de ces livres auxquels on s'attelle avec joie mais appréhension – livres longs de préférence oui, mais s'ils sont vraiment biens. Autant avouer que pour moi, très personnellement et honteusement, les gros livres représentent une espèce de temps perdu. Non ! Pas un temps perdu, mais un obstacle à la découverte rapide d'autres livres. Et c'est là que ma conception de la lecture est erronée apparemment, il semblerait que je cherche plus les chiffres que le plaisir... ces derniers temps, peut-être oui, lire est une absolue obsession, mais ce qui ne nuit en rien au plaisir que j'en tire... mieux, même, sans doute ce plaisir est encore plus grand ! Je comprends mieux (pour une cause inconnue... j'entraîne mes capacités de concentration, peut-être), je m'enfonce dans un bain de mots de plus en plus profond... enfin bref, autant de plaisir normal, avec un soupçon de satisfaction en plus lorsque je prends du recul sur mes lectures.

Comme je disais donc, David Copperfield est un gros livre. Du genre auquel on s'attache vraiment, et qui manque affreusement quand on le quitte. Enfin, pas vraiment, parce qu'après il nous habite, en quelque sorte ; c'est juste le sevrage qui est difficile au début. Autant dire que moi, en le finissant, je suis restée complètement immobile et apathique dans mon canapé pendant une heure au moins, et que je n'ai plus pu lire quoi que ce soit les jours qui ont suivi.

C'est un livre parfait pour des vacances, en fait. Il occupe une bonne semaine, ce qui soulage les bagages, évidemment... mais surtout c'est un livre parfaitement enfantin. Maintenant que j'y pense, il me semble que c'est généralement ce que l'on dit de Dickens ; mais enfin je vais quand même faire part de mes propres impressions de lecture, qui n'ont pas été orientées à l'origine. Il s'agit donc d'un livre rafraîchissant. Dans l'écriture... l'histoire l'est moins quoiqu'on soit assez loin du sombre d'Oliver Twist.

Dickens est merveilleusement drôle ; en lisant Matilda (pas de Dickens, par contre) à ma sœur, j'en ai eu la confirmation, c'est ce que la petite fille trouve aussi. Peut-être une espèce d'ironie pince-sans-rire... une ironie en tout cas. Il m'est arrivé souvent de rire toute seule et de passer pour une folle aux yeux de mon autre sœur. Je l'ai surtout remarquée au début du roman, après nettement moins : soit que je m'y sois habituée, soit qu'elle ait alors été plus subtile. La première partie du roman raconte l'enfance de David, et elle la raconte... d'une façon enfantine. C'est-à-dire que le narrateur, qui est en fait David adulte, sait reprendre son histoire en en rendant compte exactement comme il l'a vécue : l'écriture est de plus en plus élaborée au fil du récit, mais part vraiment d'une vision très... candide des choses. Mais comme je l'ai déjà dit, l'esprit enfantin reste toujours présent. Je crois que ça s'explique en fait de deux façons : il y a d'abord un aspect très manichéen de l'histoire et des personnages. Mais en plus, les « gentils » sont tous un peu déglingués, ou un peu gamins, comme on veut. Enfin bien « un peu ». Oh, les personnages sont merveilleux ! Tous, Betsy Trotwood, Mr. Dick, Agnès, Dora, le docteur Strong, Micawber, Peggoty, Wickfield... tous, ils sont absolument adorables. Enfin ils sont tous atteints d'une espèce de douce folie fort sympathique : Betsy et ses ânes, ou sa façon de paraître une vieille folle insensible alors qu'elle ne l'est pas, sa volonté de croire en la petite Betsy, sœur de David... Mr. Dick qui est pour ainsi dire plutôt faible d'esprit... le docteur Strong et son Dictionnaire... Micawber et sa folie furieuse d'écrire des lettres alambiquées... Oui, je crois qu'adorable est l'adjectif qui leur convient le mieux, à tous, si on les considère bien comme les enfants qu'ils sont. Quant aux personnages féminins, alors là ! C'est encore mieux. Non seulement les femmes gardent bien cet état de folie douce – moins peut-être pour certaines comme Agnès – elles sont aussi la candeur, la grâce, la bonté incarnées, toutes ! Enfin bref, pour résumer ce que l'on peut dire sur les personnages, ils sont merveilleux. Ce livre est aussi par là une espèce de réservoir à idéaux – mais comme tous les livres pour enfants ; j'imagine que c'est à cause de son côté manichéen... Mais enfin quant à moi, il n'y a pas un seul des « gentils » personnages que je n'admire pas ; et je dois dire que par-dessus tout, j'apprécie Betsy Trotwood...

Je crois que je ne saurais pas vraiment en dire plus à propos de ce livre, mais j'ai parlé de ce qui m'a le plus frappée : l'écriture et les personnages, donc. Il n'empêche que David Copperfield fait partie de ce genre de livres qui habitent encore le lecteur longtemps après qu'il l'ait achevé... ses personnages sont du genre à nous rendre régulièrement visite, pendant des années et des années, à tenir compagnie... enfin bref. Un peu imagé et ridicule sans doute, mais c'est comme ça que je le ressens quant à moi.

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